S’ils ne t’avaient pas attaqué, tu ne leur aurais pas fait de mal. Tu n’as jamais été un grand combattant, mais ils t’ont entrainé des heures et des jours durant afin de t’endurcir. On ne survit pas dans cet impitoyable monde tout en étant faible, c’est irréaliste. Il est normal pour une goule de pouvoir se défendre après tout… Autrement, ils t’auraient réduit en cher en pâté, tu le sais mieux que quiconque. On te l’a répété, un nombre de fois incalculable. Et il n’y avait qu’à penser aux événements d’Aogiri associées à ceux de Tsukiyama … ou même ceux de Lize ou de la mère d’Hinami pour comprendre que ta faiblesse avait toujours été ton plus gros défaut. Tu avais été incapable de les défendre… de te défendre. Et désormais que ce temps est révolu, tu te retrouves en terres hostiles, loin des tiens, loin de ton monde, dans une dimension quelconque digne des romans que tu as souvent eu pour habitude de lire. Ici, tu ne peux concrètement rien faire, ils ne sont plus là pour te soutenir, tu ne peux pas les protéger. Tu cherches une manière de retourner à Tokyo, mais ton cerveau reste vide de toute réponse. C’est enrageant, n’est-ce pas mon petit Kaneki? Que d’être ainsi accoté au pied du mur, sans pouvoir l’escalader puisque trop imposant…

Au moment où ces hommes viennent te chercher des noises, cherche à te prendre de force quelque chose que tu ne possèdes pas, tu es pourtant bien décidé à ne pas répliquer. De toute manière, peu importe ce qu’ils veulent te prendre : tu n’as rien. Tes vêtements sont en lambeaux suite aux dix jours de tortures de Jason et tu ne possèdes même pas de quoi te mettre sous la dent. Le décompte, dans ta tête est omniprésent … : 30 jours. Il te reste au pire trente jours, au mieux soixante avant que la faim ne te tenaille dangereusement. Cela t’effraye en un sens, non? Tu refuses de te nourrir comme ton corps te réclame et, pourtant, tu te souviens parfaitement de l’horrible impression que tes entrailles allaient se déchirer tant tu mourrais de faim, dans les premiers temps de ta transformation… Tu n’as pas envie de faire un choix. De faire ce choix. Mais il te reste au moins trente jours pour y penser à tête reposée. En attendant, tu laisses ton regard se poser sur tes agresseurs, bien décidé à rester inerte jusqu’à ce que l’un d’eux s’en prenne à toi. Et là, c’est le début de la baston. Néanmoins, tu sens que quelque chose cloche. Alors que tu mets à terre le premier de tes agresseurs, tu constates malgré toi que les deux autres ont déjà été mis KO. Ton regard laisse transparaître un brin de surprise avant que tu ne poses tes pupilles sur ton « sauveur ».

Celui-ci s’excuse de s’être mêler de ton histoire, mais, au fond, tu t’en moques bien. Tu renifles l’air, un peu comme le ferait un cleb cherchant à manger. Cette odeur parfaitement humaine… Devant son comportement sympathique, tu tentes de te calmer à ton tour, tu essaies même de sourire, mais ton sourire est vide de joie. Il n’exprime que tristesse. Mais vaut mieux un triste sourire qu’une gueule de tueur, non? Un ninja donc... et quoi d'autres.


Un monstre, une goule? Allons. Tu gardes le silence, l'espace d'un instant. Peu importe, au fond. Ta voix se veut sympathique, sans que tu n’y parviennes totalement. Les efforts sont là, tu as décidé d’accorder un centime de confiance à cet étrange humain aux cheveux rouges. Tu cherches à mesurer la température entre vous deux, te demandant simplement si ce n’est pas qu’une fausse image. S’il semble bien sympathique en apparence, tu sais que cela peut n’être que du vent pour l’avoir déjà expérimenté. Mais tu ne laisses pas transparaître tes doutes, lui laissant une chance. Après tout, ce mec, sorti d’absolument nulle part, t’as aidé à mettre au tapis tes agresseurs. Tu n’iras quand même pas cracher sur son acte de bravoure et de gentillesse… si? Tu n’es pas un mauvais garçon quand même, Kanekiiii.