Haloween... Un mot dénué de sens dans les oreilles félines de la créature, une intonation marrante tout au plus, aucune idée ne germe dans son esprit décousu suite à ce mot. Alors qu'elle perce le voile de la nuit à travers ses pas, que sa présence vient contraster avec la mort suffocante qui l'entoure, son esprit lui, reste intact. Malgré les efforts du décors pour paraitre omniprésent, Neferupito ne ressentais pas la peur, elle savait pertinemment que le monstre le plus dangereux ici, c'était bien elle. Alors qu'elle arpentait d'avantage cette forêt de plus en plus dense et brumeuse, elle voit une silhouette apparaitre, d'apparence énorme, il ne lui faut que quelques déplacements gracieux supplémentaires pour préciser sa vision. Devant elle se dressait une maison à l'aspect lugubre, le bois qui la compose semblait cracher les âmes qu'il avait vu périr en son sein.

Elle se gratta l'oreille, simple démangeaison tout au plus, elle ne savait que faire face à cette maison. La peur n'était pas régente chez elle, bien au contraire, dans le cas présent, cela devait être la baraque qui tremblait d'effroi face à cette créature sorti des basfonds de la génétique. Un petite rire se fait sentir, manifestation de la curiosité qui s’éveille chez la Pitou, elle qui n'avait plus de réel attache à rien, elle voulait en découvrir d'avantage. Cette maison manquait de gout, certes mais, elle eut le don d'attiser l’intérêt de la chatte qui n'allait plus se faire prier avant d'entrer. Cependant, cela aurait pu se faire sans l'intervention d'un homme apeuré et tremblant pour sa vie. Sans même regarder la créature, il parla :

- Vous êtes dingues de vouloir entrer là-dedans! Fous même! Y a des monstres, des morts-vivants mais surtout, des fantômes, de terribles et puissants fantômes! C'est des gens réellement morts, les siècles passés, qui viennent nous hanter! Ne pénétrez pas leur demeure, sinon ils vous pourchasseront à jamais!

Il parla, déblatéra son lot de sottise humaine, tant qui échappait à l'esprit simpliste de la chatte en matière d'humain. Des fantômes ? Des morts ?  Elle avait la manipulatrice d'un nombre incalculable de cadavre défiguré par les affres de la mort, et pourtant, même dans son monde les gens se comportaient plus dignement que lui. Ce type l’agacé, il déversait un son inutilité au visage de Pitou qui commençait réellement à s'impatienter. Le bruit de ses griffes déployées brisa la cohue de l'homme et l'air épais qui l’oppressait.

- C'est lugubre, ça craque de partout. Le plancher donne parfois l'impression de bouger ou de s'écrouler sous notre poids. Les escaliers ne mènent nulle part, ou dans des chambres de l'horreur. J'ai croisé des squelettes humains quoi! Y a des corps morts d'animaux partout. Ça pue la putréfaction! En plus....

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il leva la tête vers son interlocutrice. D'un sourire couronné d'un assortiment de dent tous les plus acérées les unes que les autres, le spectacle effroyable qu'offrait Neferupito n'avait pas d’équivalent même au sein de cette maison. Le type fit son taux d'affolement monter en flèche avant de prendre ses jambes à son cou et de déguerpir de ce lieu maudit. Elle aurait pu se délecter de sa chaire mais, Pitou avait bien d'autre chose à faire. La chasse se ferait par la suite, son odeur d'humain stupide et agaçant était resté ancré dans la mémoire de la bête. C'était à la fin de son exploration qu'elle allait mettre un terme aux craintes de l'homme.

Entrant dans la maison lugubres, elle se jeta dans la pénombre comme un nouveau né vers la vie. Quelques brins de lumière subsistaient, assez pour permettre à sa vision pointue de guider ses pas. Le plancher pourtant usé agonisait à peine sous le poids de la chatte se déplaçant tel un félin. Même le bruit ne pouvait trahir sa présence, entre mort et Pitou, le combat silencieux venait de s'engager. Si elle avait su, la mort aurait sans nul doute décider d'aller voir ailleurs. Fantômes ou esprits machiavéliques, c'était en se léchant les lèvres dans un instinct purement bestial qu'elle s'était engagée dans cette exploration sordide.

L'ambiance lugubre qui régnait au sein de ces lieux traversait les murs et tentait d’oppresser dans un assaut continu le corps et l'âme de la Ant qui ne laissait rien transparaitre si ce n'était une once d'excitation. Le bois fragile et pourri hurlait d'agonie à chacun de ses pas malgré sa grâce innée, l'odeur de putréfaction emplissait l'odorat développé de la chatte. Cette endroit était un refuge macabre emplis d'une haine effroyable, même l'air dans tentatives désespérés voulait étouffer les visiteurs. Cependant, on ne pouvait faire naitre la peur dans le corps d'une bête quant portant atteinte à son intégrité, à sa vie. Pitou se savait reine de ces lieux qu'elle ne connaissait pas, elle qui perturbait le repos et le silence tragique d'une maison abandonnée.

Elle traversa quelques pièces toutes plus dantesques les unes que les autres, le sang maculait certain mur alors que la chair en putréfaction était comme suspendu au plafond. Ce lieu n'avait aucune logique, aucun sens, aucune raison d'être, aussi isolé de toute civilisation qui était le génie meurtrier qui se cachait derrière cet œuvre empli d'horreur. L'excitation ne cessait d'emplir le corps de la chatte, pour une des rares fois, elle se sentait libre, libre de découvrir quelque chose par elle même, libre de s’enrichir personnellement, libre de perdre son temps pour des choses aussi futiles. Les courants d'airs glacials venaient caresser la solide peau de Pitou dans une sensation agréable, quelques bruits se faisaient entendre, des créatures plus infimes que la Ant se trouvaient dans ces lieux pour faire déguerpir les visiteurs par leurs présences. L'aura démoniaque de Pitou vint se mélanger avec celle de la maison dans une lutte acharnée. Un combat imperceptible se passait entre la chatte et la maison, un combat assez fou pour dépasser l'entendement humain.

Pour toute réponse à son offensive, Pitou déboucha vers un escalier menant vers un autre étage, une autre étape du combat qui s'exerçait. L'escalier était meurtri par les mites et le temps, menaçant de céder à chaque instant, il crachait sa souffrance à la gueule du décor à chaque fois que le vent venait à passer trop près de lui. Elle décida d'abréger ses souffrances d'un autre temps et grimpa sur l'escalier. Heureusement pour sa victime boisée, elle n'était pas lourde, à peine pour se faire sentir. Elle changea d'étage, de cap, un autre niveau de l'enfer s'offrait à elle. Lorsqu'elle posa ses yeux sur le tout nouvel étage, elle vit l'horreur de cette maison. Les murs étaient peints avec du sang pur, le sol et le plafond prétendaient à la même chose. Surement les entrailles des précédents profanateurs de ce lieu maudit, cette vision déclencha alors un torrent d'excitation dans le corps de la bête. Elle voulait en savoir plus, elle voulait en voir d'avantage. Dans un sourire sadique et dément, elle commença la seconde étape de son exploration.

Le liquide rouge recouvrait chaque parcelle de surface de l'étage. Aucune pièce n'était épargnée, tout étaient étouffés à travers ce voile sanguin opaque. L'air été putride, nauséabond, écœurant, c'est dans ce décor sordide qu'évoluait la chatte beaucoup plus excitée qu'apeurée. Elle traversa les pièces qui se succédaient une à une, à chaque étape de sa marche, elle passait une autre porte menant au plus profond de l'enfer. La chatte fut surprise lorsqu'elle vit un nombre incalculable de cadavre qui parsemaient le sol de leurs présences. Leurs états étaient pitoyables, si bien qu'elle ne pouvait définir depuis quand ils étaient mort. Ils ne faisaient aucun doute que quelque de malsain, de mauvais rodait dans cette maison mais, jusqu'alors, rien n'avait encore osé s'opposer à la traversée de Pitou.

Lâchant un sobriquet propre à son personnage, elle continua, traversant avec peine la mer de cadavre qui obstruait son passage. Elle vit une vitre à coté d'elle, seulement pour se rendre compte qu'elle était fermement scellée comme si la maison craignait la vue de l'extérieure. Ce monde était étrange, ces lieux étaient étranges, aucune comparaison n'était possible avec les souvenirs de sa jeune vie et pourtant, elle se sentait comme chez elle dans ces lieux.

Elle entendit un bruit, une souris essayait tant bien que mal de la provoquer par sa présence, elle se jeta dessus telle une bête affamée mais ne récolta que de la poussière. Le même bruit se fit entendre quelques mètres plus loin, s'en suivit alors une course poursuite entre un chat et une souris qui dura seulement quelques minutes. A la fin de cet acharnement infructueux, un autre escalier trôna devant elle. Ainsi, la voie vers un nouvel étage lui était offerte comme un repas sur un plateau d'argent. L'hésitation fut rapidement balayée par la curiosité légendaire de la chatte malicieuse. Prenant à peine quelques précautions, elle gravit l'escalier dans une longue ascension vers l'antre de Satan.