Munsu poussa doucement la porte du manoir. Un grincement sinistre retentit dans ce qui s’avérer être un silence de mort. Il haussa les épaules. On lui avait signalé des activités suspectes dans les environs, c’était d’ailleurs la raison de sa venue. Il n’avait jamais eu vraiment peur des monstres. Il en avait affronté plusieurs sans pour autant perdre la vie, il ne voyait donc pas pourquoi cela aurait changé aujourd’hui ! Il fit signe à une Sando toute tremblante de le rejoindre et pénétra dans l’habitat. La porte se referma derrière lui avec le même bruit sonore que lorsqu’il l’avait ouvert. Les deux compagnons se retrouvèrent dans la pénombre.

Ses yeux mirent quelques minutes à s’habituer à l’obscurité, et il se remit en marche uniquement une fois sa vision ajustée à la luminosité de l’endroit. Il se trouvait dans une grande pièce qui servait certainement de hall d’entrée en temps normal. Un lustre éteint pendait au-dessus de sa tête tandis que divers meubles de bois au style ancien habillait la salle de leur présence.  À priori, l’endroit lui sembla abandonné. Aucune trace non plus de ces fameux fantômes et autres morts-vivants.

« … Bonjour, il y a quelqu’un ? »

Pas de réponse. Munsu poussa un long soupir. Ce qui lui tapait sans doute le plus sur les nerfs, outre les lattes du parquet craquant sous son pas pourtant léger – il tentait de se convaincre lui-même de ce fait –  restait le fait que Sando se colle à lui en tremblant. Ce n’est plus une gamine depuis longtemps ! Tout du moins le supposait-il, puisque il ne connaissait pas vraiment son âge réel. Il ne le lui avait jamais demandé. Il n’avait jamais vraiment eu besoin de le savoir après tout ; elle le protégeait pour qu’il accomplisse sa mission, et l’affaire s’arrêtait là. Ils étaient de simples compagnons de voyage. C’était ce dont il essayait de se convaincre.

Sur ces pensées, l’Angyo Onshi dépassa une étagère solitaire reposant le long d’un mur pour s’enfoncer encore plus dans les ténèbres de ce lieu, que les habitants locaux qualifiaient de « maudit ».

Les deux compagnons suivirent un couloir étroit au bout duquel descendait un escalier. En descendant, Munsu se rendit rapidement compte que plusieurs marches en bois manquaient lorsqu’il faillit passer au travers d’un trou.
« Oh la vache ! »

Décidément, c’est pas très bien entretenu… Arrivés en bas, ils découvrirent une nouvelle salle derrière une grille en fer noir. Les nombreux chandeliers positionnés sur les murs projetaient une lumière tamisée sur les dalles de pierres qui composaient la pièce. Un long tapis rouge la traversait de part en part. Pour un peu, il se serait de retour au palais d’Hae Mo Su, son ami d’enfance et ancien roi. Sans l’ambiance lugubre bien entendu…

Sando se figea. Munsu tendit l’oreille, aux aguets. D’étranges bruits se réverbéraient dans la salle. Des sortes de… lamentations. Ou peut-être même des appels à l’aide ? L’homme n’aurait su le dire. Une chose était cependant sûre. Quelqu’un se trouvait dans cette mansarde délabrée. Qu’il soit simple victime ou psychopathe confirmé, cela restait à vérifier. Car il ne voyait pas qui d’autre aurait pu vivre ici.

Méfiant, il tâta l’endroit où aurait dû se situer ses armes à feu avant de pester. Il avait oublié qu’il ne les avait plus. Pour une raison qui lui était inconnue, elles n’étaient pas venues avec lui dans ce nouveau monde. D’une façon générale, les habitants des environs semblaient tout ignorer de la poudre à canon et de toutes ces armes venant de l’Ouest. Peut-être était la cause de l’absence de ses pistolets ? Il reprit la marche, Sando à ses côtés.