Un marché ? Qu’est-ce que cela voulait bien dire ? Bon sang mais où se trouvait-il ? Quelques minutes plus tôt il observait encore la mer sur son navire, et maintenant il était là. Qui donc avait eu le pouvoir de le téléporter ici ? À sa connaissance, personne n’en était capable, comment cela était-il donc possible ? Crocodile se posait de nombreuses questions. Bien que perturbée par sa soudaine arrivée en ce monde, il n’en perdit pas sa sale habitude. Un cigare dans la bouche, il commença à interroger les gens dans la rue. Les réponses qu’on lui donnait n’avaient pour conséquence que de lui faire se poser davantage de questions encore. S’il en croyait les gens, il était un «élu» et il se trouvait au Royaume de Wei, à la capitale Danyang.


Crocodile ne comprenait rien. Sous le choc, il décida de trouver un endroit calme où il pourrait se reposer et chercher à éclaircir la situation. Tandis que le soleil descendait lentement du ciel et que la nuit approchait, le corsaire décida d’entrer dans une auberge. Il y régnait une ambiance assez familière. Quelque chose dans cet endroit lui rappelait les bars de Logue Town. Crocodile sentait une immense insécurité au sein de cette cité. Le crime y régnait et ne se cachait absolument pas. N’ayant pas d’argent local pour payer sa pitance, on lui fit comprendre qu’il n’était pas le bienvenu. Crocodile ne l’entendait cependant pas de cette oreille. Se fichant bien des conséquences il attrapa le tenancier par le cou pour l’assécher en une seconde.


Cependant, rien ne se passa comme il le désirait. Sa victime ne perdit pas la vie et ne s'assécha que très peu. L’incompréhension se lisait sur le visage de Crocodile. C’est alors qu’un ivrogne profita de sa confusion pour lui éclater sa chope de bière sur le crâne. Le coup ne lui fit rien, mais le l’alcool se répandit alors sur son corps. Merde, il ne pouvait plus se changer en sable... Aidé par deux acolytes, l’ivrogne le passa alors à tabac. Lorsque ce fut terminé, ils le jetèrent hors de l’auberge comme un malpropre. Le sang coulait sur le visage de Crocodile. Il ne comprenait pas comment cela était possible. Par quel moyen de vulgaires insectes l’avaient-ils mit dans cet état ? C’était impossible !!! L’un des hommes lui cracha alors dessus.


« T’as rien à foutre ici sale élu de merde !! » hurla-t-il.


Les ivrognes retournèrent ensuite à l’intérieur en riant comme des déments. Ils étaient visiblement très fiers d’eux. Crocodile gisait toujours au sol, son cigare cassé non loin de lui. La douleur qu’il ressentait était cuisante. Bon sang ce n’était pas normal ! Il était le grand Crocodile, le Grand Corsaire, il ne pouvait pas se faire battre aussi facilement enfin. Mais que se passait-il ? Où donc était passée sa force ? Lentement, il tenta de se relever. N’étant pas encore assez fort pour cela, il se contenta de s’adosser à un mur non loin. Toujours assis, il s’alluma un cigare tandis qu’une femme approchait. Quelque chose en elle était différent. Comme si elle n’était pas de ce monde. Est-ce que cela était seulement possible ? Un seul moyen de le savoir...


« Toi. Dis moi, est-ce que tu viens d’ici ? Je suis sûr que non, j’ai raison n’est-ce pas ?  » demanda calmement Crocodile.

La réponse de la jeune femme fit rire de bon coeur le corsaire. Maintenant il en était certain, elle aussi était une élue. D’où venait-elle ? Qu’en était-il de sa puissance ? Était-il le seul à l’avoir perdu ? Que voulait-elle ? Tant de questions sans réponse. Et son crâne qui le faisait souffrir. Enfoirés d’ivrognes ! Crocodile était énervé et à la fois indigné de s’être fait mettre hors combat si vite. Il ne comprenait toujours pas comment cela était seulement possible. Il tenta de se relever pour faire face à la jeune femme, malheureusement il n’y parvint pas. Une grimace au visage, il souffrait sans réussir à le dissimuler. Quelle honte... cela n’était pas le genre de choses qui lui arrivaient normalement. Bordel mais pourquoi se trouvait-il dans ce monde de merde ?!?


Perdu dans ses pensées et ses fulminations intérieures, Crocodile ne rendit pas compte que la demoiselle s’approchait de lui. Aidée d’un mouchoir, elle se mit soudainement à nettoyer le sang qui commençait à coaguler sur son visage. Le corsaire planta alors son regard dans le sien. Il était clair que cela l’étonnait au plus haut point. Il ne comprenait pas pourquoi cette belle élue lui venait en aide. Dans son monde, jamais personne ne s’était occupé de lui de cette manière. Que de nouveautés en une seule soirée... A en croire l’expression sur son visage, la demoiselle semblait réellement soucieuse de l’état dans lequel il se trouvait. A tel point qu’elle mordillait la lèvre. Tout en lui crachant la fumée de son cigare au visage, Crocodile se rendit compte qu’il pourrait très certainement manipuler la jeune femme assez facilement.


Certes, il lui était assez reconnaissant de prendre soin de lui, mais il le savait, les gens comme elle étaient les plus simple à manipuler. Assurément, elle devait oeuvrer pour le bien. Son grand coeur en témoignait, après tout elle venait au secours de son prochain sans rien savoir de lui. Oui, il fallait qu’il la mette de son côté. Du moins, pour le moment. tant qu’il n’aurait pas assez de puissance pour se débrouiller seul, il valait mieux se faire des alliés plutôt que des ennemis. Même si cela ne lui plaisait guère, Crocodile décida donc de jouer le jeu. Sentant ses forces lui revenir, le pirate écarta gentiment la main de la jeune femme et se releva du mieux qu’il pouvait. Finalement ce n’était pas grand chose, Luffy l’avait mit dans un état bien plus désastreux que cela après tout. Adossé au mur pour ne pas retomber, Crocodile ne cessait de fumer son délicieux cigare tout en regardant la jeune femme. L’air aussi sévère qu’à son habitude, il s’adressa à l’élue.


« Une bande d’ivrognes m’a attaquée par surprise et par derrière. Voilà le résultat. Il semblerait que cette ville soit effectivement aussi dangereuse que ce que l’on en dit. Malheureusement je viens tout juste d’arriver, j’ignore encore tout de ce monde. Au fait, je suis Crocodile et vous ? » dit-il froidement.