"Fais un jet de sauvegarde contre la peur."

Il jette trois dès. Les yeux des différents acteurs sont rivés sur ces outils qui tourbillonnent sur le plateau de jeu, esquivant bouts de pizza et gouttes de coca-cola avant de devenir statique. Les résultats ne sont pas terribles. Il me regarde, les yeux suppliants. Mon sourire s'élargit jusqu'aux oreilles et je dis d'un air sadique.

"Echec. Le guerrier prend ses jambes à son cou. Les gobelins en profitent pour attaquer le mage sans protection..."

J'entends un sanglot. Oui, évidemment. Les mages, ils ont une CA (classe d'armure, pour les néophytes. En gros, au plus elle est faible, au moins on a de chance de toucher) en carton, et des points de vie encore pires. Avec trois gobelins en CR de 2 armés de lances empoisonnées, je ne donne pas cher de sa peau. Quelle idée fantastique de leur faire une embuscade de nuit ! Les joueurs inexpérimentés oublient toujours de faire le tour de garde. Je me prends un coup de livre sur la tête. En traitre. Un de mes joueurs serait-il mécontent ? La douleur me fait fermer les yeux un instant.

Quand je les ouvres à nouveau, je ne suis plus dans la cave de tonton Alfred. Mes souffres-douleur ne sont pas là non plus. Je suis dans une petite clairière, avec mon attirail de maitre du jeu à mes pieds, et un être diforme qui me parle dans un language inconnu mais que je comprends parfaitement. Je me pince pour me réveiller.

"J'ai du faire un échec super critique quelques part... Oulala, c'est quoi ce trip hallucinogène..."

Au bout de quelques jours, j'ai compris. Je ne suis pas devenu fou, non. J'ai été transporté dans un jeu plateau ! Tout y est. Je suis un soi-disant "élu". Des êtres mythologiques de tous les univers se croisent. Je crois même que j'ai vu un type de dragon ball Z quelque part. Bref, c'est l'occasion de pouvoir faire un peu plus que de lancer des dès. Oui, c'est l'occasion de devenir véritablement un être puissant et riche, et séduisant. Bwahahaha !

John, au départ de l'aventure, est un esprit libre. Il n'est régit par aucune moral ou pulsion destructrice. Il veut avant tout s'amuser, devenir puissant, découvrir le monde. C'est un élément chaotique libéré. Il fera le bien comme il fera le mal, tant que la situation lui rapportera de l'expérience, du loot ou du fun.

En fait, John est un joueur RPG typique. Ce qui le motive, c'est d'avoir des quêtes, d'augmenter son niveau, de séduire des princesses, d'apprendre des sorts, de combattre des rivaux, de rencontrer des NPC, d'explorer la map, de construire un build acceptable. Evidemment, il adore les "event" et affronter des boss. Quelque part, il s'en fout un peu de la morale du monde, il veut juste s'amuser à fond. Donc il n'hésitera pas de temps en temps à jouer le méchant.

Le point fort de John, c'est qu'il sait que c'est un jeu. Il connait les mécanismes des jeux de rôles, il a baigné dans la culture et donc il peut réagir par instinct ou expérience de manière très sage et adaptée à la situation. Son point faible, c'est que du coup il s'en fout du social et ses interactions avec les autres habitants du monde sont étranges si pas désastreuses.

Sa première loyauté est envers lui-même. Envers et contre tout, John est un égocentrique égotique et égoïste. Tout doit se rapporter à lui-même. Toutefois, il sera également loyal dans une certaine mesure envers quiconque lui procure un certain amusement, ou lui donne des quêtes. Parce que c'est toujours important d'avoir un NPC qui donne des quêtes !

Ce que John préfère, c'est la pizza aux anchois. Malheureusement, ce n'est pas le plat culinaire le plus facile à trouver dans le coin. Le deuxième truc qu'il kiffe grave le plus au monde, ce sont les jeux de rôles plateau. C'est un véritable geek dedans. Sinon, il ne supporte absolument pas les choux de bruxelles et les NPC qui répètent toutes les 30 secondes le même pitch.

Imaginez-vous à 20 ans, dans une cave avec six de vos potes. C'est le vendredi soir, après une semaine de cours. A vos côtés, pizza aux anchois et aux salamis (pas en même temps, évidemment). Et du coca. Et trois bières que vous cachez sous le canapé au cas où la mère du maitre du jeu débarque à l'improviste (parce que oui, la bière c'est un peu déconné). Imaginez les trips et les conneries que vous pouvez faire quand vous jouer un personnage iréel. Et bien, c'est exactement l'état d'esprit de John.

John dispose d'un large éventail de possibilités dans ce cas de figure. C'est un fin manipulateur. Il pourrait utiliser le bâton, la carotte, du chantage, de la torture psychologique ou physique. Quelque part, c'est un artiste, et cela sera toujours en fonction de la désobéissance, du degré de mauvaise foi du serviteur et de sa situation. Et si le serviteur se révèle véritablement comme peu fiable, il sera envoyé dans une quête suicidaire ou exécuté par le tchi-tchi (au choix).

Le pouvoir de John est celui du "maitre du jeu". Il peut invoquer différent aspect du célèbre jeu de rôle plateau "donjons et dragons". En clair, on pourrait le considérer comme un magicien possédant un grimoire. Pour l'instant, son grimoire est presque vide et très limité en possibilité.

J'aime être fouetté.